Antibiotiques : où en est la consommation en France ?
En novembre, les antibiotiques reviennent sur le devant de la scène avec la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens et la Journée européenne d'information sur les antibiotiques...
L’objectif : une utilisation raisonnée de ces traitements pour préserver
leur efficacité. A cette occasion, faisons le point sur l’évolution des
prescriptions d’antibiotiques en France.
En 2022, la France restait dans le
« Top 5 » des pays d’Europe les plus gros consommateurs
d’antibiotiques. La lutte contre le recours excessif à ces traitements, principalement
prescrits en médecine de ville, reste donc d’actualité. Si les périodes Covid
et post-Covid ont un peu chamboulé les statistiques, un bilan sur 10 ans peut
aujourd’hui être réalisé.
Des prescriptions en baisse légère mais
constante
Depuis 2013, la consommation baisse en France
d’1,5 % par an en moyenne, en termes de doses journalières (ou de 2% en
prescriptions) pour 1000 habitants. Chez les tout-petits (0-4 ans), les
prescriptions sont moins nombreuses en 2023 qu’en 2019, malgré de gros pics en
hiver. Chez les adultes, leur
nombre reste stable. Cependant, il augmente chez les personnes âgées et
globalement, on compte 820 prescriptions pour 1000 habitants par an,
loin des 650 visées par la Stratégie nationale 2022-2025 de prévention des
infections et de l’antibiorésistance. Depuis 10 ans, ce sont les ordonnances
d’antibiotiques des généralistes, les plus gros prescripteurs de ces
traitements, qui ont le plus diminué, tandis que celles d’autres spécialistes
ont un peu augmenté. En 2023, les antibiotiques les plus prescrits sont l’amoxicilline
seul ou avec l’acide clavulanique ainsi que les macrolides (azithromycine, clarithromycine…)
qui hélas génèrent des résistances. En outre, les résistances aux
céphalosporines de 3ème génération et aux fluoroquinolones (dont la
consommation a heureusement baissé de près de la moitié) s’intensifient ces
dernières années. Mais bonne nouvelle, la France a atteint les préconisations
de l’Organisation Mondiale de la Santé de privilégier les antibiotiques les
moins problématiques.
Pour réduire la consommation d’antibiotiques,
il n’est évidemment pas question de négliger une infection bactérienne. Mais il
est possible : ·
pour
chacun, de mieux prévenir ces infections avec les mesures d’hygiène, les gestes
barrière et la vaccination ; ·
pour
les professionnels de santé, de procéder à des tests rapides d'orientation
diagnostique (TROD) pour distinguer les infections d’origine bactérienne et
virale ainsi qu’à d’autres examens biologiques (sanguins, urinaires) pour
prescrire un antibactérien le plus ciblé possible. ·
pour
les patients, de suivre scrupuleusement la posologie d’une ordonnance d’antibiotique. Sources : Santé publique
France : Consommation d’antibiotiques en secteur de ville en France
2013-2023, novembre 2024 Santé publique
France : Prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville :
stabilisation en 2023 Santé publique
France : Prévention de la résistance aux antibiotiques : une démarche «
Une seule santé », novembre 2024 OMS : Guide AWaRe
(Accès, À surveiller, Réserve) de l’OMS sur les antibiotiques, 2023 Assurance Maladie :
Consommation d’antibiotiques et lutte contre
l’antibiorésistance : l’état des lieux 2024 (20/11/24) https://www.ameli.fr/exercice-coordonne/actualites/consommation-d-antibiotiques-et-lutte-contre-l-antibioresistance-l-etat-des-lieux-2024